Abbassi Driss

Sports et Médias : Le mythe des temps passé et futur

 




 Résumé

Cet article analyse l’actualité médiatique portant sur le phénomène sportif. Partant de l’hypothèse que ce phénomène social fonctionne selon un principe temporel qui lui est propre, l’étude montre que la rhétorique sportive met en scène le passé tout en faisant croire à un progrès continu. Les discours produits reposent sur une mise en récit du passé avec comme vecteur une mémoire fermée. Cette dernière notion fait surgir immédiatement le futur comme prolongement naturel d’une histoire linéaire toujours à l’œuvre. L’auteur observe que l’omniprésence de ce fait social nourrit et rend plus visible une représentation du temps basée sur la dialectique passé/futur. L’examen de ce mode de rapport au temps révèle que le sport est un phénomène social qui échappe au “présentisme” et à la “crise d’avenir” dans laquelle est supposée se trouver la société globale. Cette approche apporte un nouvel éclairage sur la mythologie de la “contre-société” sportive.

 Summary

This article analyzes the media topicality relating to the sporting phenomenon. On the basis of the hypothesis that this social phenomenon functions according to its own temporal principle. The study shows that sporting rhetoric introduces the past while making believe in a continuous evolution. The produced speeches rest upon the setting in account of the past using a closed memory as vector.This particular notion directly creates futur as the natural prolongation of a linear history still at work.The author observes that this social fact makes the representation of time based on a past/futur dialectic more visible. The examination of this relation to time reveals that sport is a social phenomenon that escapes from the ‘presentism’ and the ‘crisis of the futur’ in which is supposed to be the overall society. This approach brings a new lighting on the sport counter-society.

 Introduction

Par médias interposés, l’actualité nous le rappelle chaque jour : dans le sport, la victoire comme la défaite, n’est qu’un épisode transitoire. Les discours sur les activités sportives semblent se construire sur la dissolution du présent dans la trame des temps passé et futur : inventaire sélectif des joies passées en même temps que promesse de bonheur futur. C’est vrai dans un sport médiatisé comme le cyclisme où, par exemple, dès le lendemain du Tour de France 2002, il est annoncé une édition 2003 exceptionnelle, en référence à la commémoration du centenaire du Tour. C’est également le cas dans un autre sport relativement jeune et beaucoup moins médiatisé, qu’est le handball. En effet, on retrouve, en particulier dans le récit historique officiel de ce sport, le même message qui consiste à inscrire son histoire dans une logique de progrès continu [1].

Notre hypothèse est que le phénomène sportif repose sur une mise en récit [2] du passé. Il est circonscrit dans une mémoire. Celle-ci fait immédiatement surgir le futur comme prolongement naturel d’une histoire officielle linéaire toujours à l’œuvre [3]. Ce futur du passé [4] nous semble au cœur du fonctionnement du système sportif qui se noue dans la victoire, se dénoue dans la défaite, mais il n’est jamais dissout puisqu’il se nourrit d’un rapport passé/futur permanent. En fait, il apparaît que derrière cette construction du temps historique, se détermine la certitude des lendemains qui chantent, par opposition à un monde désenchanté [5] et une société globale dont l’avenir est incertain [6].

L’actualité médiatique du phénomène sportif est appréhendée à partir de l’analyse de deux disciplines sportives, l’une médiatique (le cyclisme), l’autre plus confidentielle (le handball). Le matériau retenu est composé de nombreux récits de la presse écrite et télévisuelle, ainsi que de textes à caractère historique rédigés ou prononcés par des dirigeants sportifs durant les années récentes [7].

Notre réflexion n’a pour objectif, ni d’alimenter la critique radicale du sport, ni de faire l’apologie du sport [8]. Notre quête est de tenter de donner du sens à un thème d’actualité permanente [9], qu’est le sport, et à sa mise en scène dramaturgique [10] dans le contexte social actuel. Peut-on suggérer que le phénomène sportif fonctionne selon un principe temporel qui lui est propre, et dont l’actualité serait le révélateur ? Comment – dans une conjoncture où le présent est exacerbé – le sport apparaît-il comme un phénomène qui échappe au présentisme [11] ? Ces questions appellent un examen du paradigme temps dans la mise en récit de l’information et de ses prolongements narratifs. Il convient alors d’interroger les catégories « mythe », « mémoire » et « événement » pour appréhender le problème du rapport passé/futur.

 La permanence des valeurs du sport

L’examen de l’actualité d’un sport médiatique (le cyclisme) et d’une discipline plus confidentielle (le handball) permet de toucher à l’un des mécanismes essentiels de la rhétorique sportive : la réaffirmation en toute circonstance des valeurs du sport, en se référant –implicitement ou explicitement – au passé ou, plus exactement, à la mémoire collective sportive. Celle-ci est circonscrite dans le mythe des principes constitutifs du sport. Elle est enracinée dans un passé intemporel, non soumis à la contingence et à la complexité de l’Histoire [12]. En effet, le mythe permet non seulement de justifier l’action d’une communauté [13], mais aussi de transformer l’histoire en nature [14]. Il importe, de ce point de vue, de démontrer et d’interroger la question de l’omniprésence des valeurs positives du sport qui fondent la mythologie de la contre-société sportive [15].

Mythifier les valeurs positives du sport

« Le sport c’est l’éthique  », « le sport c’est la santé  », etc., sont des formules caractéristiques du discours commun sur le sport. Elles sont des évidences partagées. Le rappel incessant des vertus du sport se vérifie dans le cyclisme. Ce sport professionnel médiatisé offre une actualité riche de mise en scène des valeurs « historiques » du sport, au premier rang desquelles se trouvent les questions de la santé et de l’éthique sportive. Survenue juste après la victoire de la France à la Coupe du monde de football en 1998, l’excessive médiatisation de l’affaire Festina [16] et de l’emblématique coureur Richard Virenque [17], met en scène, en négatif, le consensus national autour de la lutte contre le dopage. Elle débouche sur la promulgation des lois antidopage [18] qui fait du dopage dans le sport professionnel, comme dans le sport amateur, une question de santé publique.

Au-delà de la récupération politique du sport, en particulier en raison de ses pouvoirs identitaires [19], le consensus général observé dans la lutte contre le dopage, semble traduire une croyance collective dans la capacité du sport à engendrer des lendemains meilleurs. Pour preuve l’engouement pour le spectacle sportif. En dépit des affaires de dopage avéré dès 1998, le public français ne s’est pas détourné de la « Grande boucle » [20]. Plus largement, le sport occupe la place de champion des audiences. En 2002, par exemple, les événements sportifs arrivent en tête des meilleures audiences des chaînes de télévision dans le monde, et particulièrement le football qui représente 60% des dix manifestations sportives les plus suivies [21]. Malgré l’élimination prématurée de la France du Mondial 2002 de football, le public français a continué à suivre la compétition [22].

Avec la question de la santé, l’éthique se trouve au cœur du récit sur les valeurs du sport. Réagissant aux problèmes du dopage dans le cyclisme en 2001, « Le Tour met les moyens  » titre l’Equipe [23]. Le quotidien sportif rappelle et commente les mesures prises pour faire face à ce problème, et en particulier celles relatives au code d’éthique, première des dix mesures [24] annoncées par les responsables du Tour. Le quotidien sportif précise que les principes fondamentaux énoncés depuis 1998 comme le retour à l’égalité des chances ont été réaffirmés [25].

En fait, l’opinion journalistique et la réaction des responsables sportifs s’imbriquent pour montrer la continuité du combat contre « le mal  » dans le cyclisme. Le problème du dopage est non seulement marginalisé, mais devient un des ressorts de la réaffirmation des « vraies » valeurs du sport. Parmi les réponses apportées au dopage, celle qui consiste à rappeler que les dérives vont bien au-delà du cyclisme, est assez courante. Les propos de l’organisateur du Tour, Patrice Clerc [26], sont assez caractéristiques de cette stratégie : « nous allons servir de catalyseurs. Les autres sports ne pourront pas ne pas nous suivre. Je veux croire que le cyclisme, premier touché sera aussi le premier à s’en sortir et qu’il ne sera plus le mouton noir du sport  » [27]. En s’engageant, ainsi, dans une stratégie de retournement [28], la question du dopage devient une affaire non propre au cyclisme mais une préoccupation de l’ensemble du milieu sportif. La lutte contre le dopage offre, aux animateurs du Tour, l’occasion d’endosser les habits des champions de la morale sportive. On se retrouve, par conséquent, de manière presque détournée, sur le versant du combat pour la permanence des valeurs du sport. Cette posture permet, non seulement de réactiver le mythe vertuiste [29] du sport, mais aussi de très vite évacuer les problèmes auxquels il est confronté.

Se référer à une histoire de développement continu du sport

Lorsqu’on dirige le regard vers une discipline plus confidentielle, comme le handball, on est très vite frappé par la volonté d’ancrer l’évolution de la pratique sportive dans une logique de développement continu.

En ce sens, le handball, sport relativement jeune, renvoie aux évolutions des sports “ classiques ” comme le rugby, le football ou le cyclisme. Apparu en France dans les années 1930, sur l’initiative de professeurs d’éducation physique qui obtiennent son officialisation au sein d’une fédération nationale, créée en 1941, le handball a longtemps vu son discours orienté vers sa dimension éducative. A partir du milieu des années 1980, ce sport entre dans la logique de la compétition sportive. Celle-ci est inscrite dans une vision moderniste dans la mesure où ses promoteurs, les dirigeants fédéraux anciens et actuels, se posent « naturellement » en modernes légitimes, comme si l’amateurisme renvoyait à une ère définitivement révolue [30].

Une lecture attentive des publications officielles [31] permet d’envisager l’idée que l’histoire du handball est circonscrite dans une logique de progrès vers un sport médiatisé. En effet, selon le récit officiel, le handball est arrivé à « maturité » [32] très tardivement. Par exemple, dans la revue Handball, le Secrétaire général de la fédération française de handball, Claude Perruchet, écrit en première page, avec le titre « An I » : « l’aboutissement de cette saison 1991-92 pour le handball français est bien sûr la participation aux Jeux olympiques de Barcelone. Quelle que soit l’issue, il s’agira d’un événement majeur de notre histoire », et il termine son article ainsi : « après l’époque de la création, puis celle du développement, cette année est peut-être l’An I de la maturité  » [33].

Plus exhaustive est la description de l’évolution du handball français chez Jean-Pierre Lacoux, Président de la Fédération française de handball de 1982 à 1996, qui publie un ouvrage en 1998 sous le titre Histoire et histoires du handball français 1932-1996. Il écrit notamment : « j’ai connu l’époque enthousiasmante des pionniers et participé à celle de l’expansion, j’ai eu enfin l’honneur de vivre la consécration”. Il ajoute : “1993-1996 : le handball français passe du purgatoire au troisième ciel » [34].

De cette littérature, il ressort que les événements – tels qu’ils sont racontés – donnent l’impression d’une marche continue vers le progrès. L’usage d’un langage métaphorique comme “ pionniers ”, “ ancêtres ”, pour parler des origines ou “ évangile ” pour évoquer le règlement, relèvent d’une forme de mythification du passé. Cette histoire linéaire vise à montrer l’action déterminante des dirigeants du handball dans la trajectoire de la pratique sportive. Ce qui est souligné dans les discours des responsables institutionnels, c’est tout ce qui a conduit à la forme finale et mature du jeu [35]. Ce sont, en somme, des procédés qui opèrent pour le compte d’une institution mythifiée.

Dès les débuts des années 1990, les responsables fédéraux s’engagent ouvertement dans une politique de médiatisation du handball [36]. Ils tentent alors de trouver des remèdes à plusieurs handicaps qu’ils ont eux-mêmes identifiés : l’entrée tardive du sponsoring dans le handball, la difficulté à établir un plan télévision et la carence de culture handball d’une grande partie du monde journalistique. Ce processus semble suffire aux promoteurs de cette discipline pour expliquer les succès de l’équipe nationale masculine : la médaille de bronze obtenue en 1992, puis les victoires suivantes de la même équipe (deuxième place aux championnats du monde de 1993, champions du monde en 1995 puis en 2001 et troisième place en 2003) tiennent lieu de démonstration sur la marche historique vers le progrès. De ce fait, la logique médiatique s’impose comme une évidence et ne peut souffrir aucune mise en cause. Elle intègre, par conséquent, le « corpus » des valeurs historiques de la discipline.

Le rapport au passé en question

Ce dont témoigne la rhétorique sportive, médiatisée ou non, c’est bien la mythification des valeurs du sport. Mais au fond, quel est le sens de cette omniprésence des valeurs positives du sport qui fondent la mythologie de la contre-société sportive ?

Pour répondre à cette interrogation, une mise en perspective historique s’impose. Lorsqu’on se replace dans le contexte de l’apparition du sport moderne au XIXe siècle, on se rend compte que l’affiliation des pratiques sportives à un passé mythique est concomitante des origines mêmes du sport moderne. Elle accompagne son évolution ultérieure. En effet, vers la fin du XIXe siècle, le sport amateur a cédé progressivement la place au sport professionnel [i]. Pour autant, les principes éthiques qui définissent l’amateurisme sportif, tel qu’ils avaient été mis en place en Angleterre durant ce même siècle, n’ont pas disparus. On va les retrouver, soit de manière explicite dans le corps des règlements [37], soit de manière implicite dans les discours et les prises de positions officielles sur le sport.

L’exemple de la rénovation des Jeux Olympiques à la fin XIXe siècle illustre ce propos. En effet, Pierre de Coubertin restaure les Jeux olympiques, en France en 1894, sur la base de leurs similitudes avec les Jeux de l’antiquité. De ce fait, comme le rappelle Sébastien Fleuriel, les valeurs attribuées aux Jeux ne peuvent être qu’indiscutables compte tenu de leur nature historique. Pierre de Coubertin leur confère d’autorité le prestige de l’Histoire. En renouant fictivement avec la tradition antique, les Jeux modernes font passer pour historiques des propriétés qui, de fait, ne le sont pas, notamment le désintéressement et l’amateurisme, mais aussi tout l’ensemble des valeurs éducatives, humanistes, etc., qui lui sont liées [38].

A cet égard, malgré les nombreux travaux [39] qui ont montré la rupture entre les Jeux antiques et ceux de l’époque moderne, le discours sportif dominant ne cesse de mettre en scène cette vision de continuité historique, conférant ainsi au sport une profondeur historique symbolique qu’il n’a jamais eu. Ainsi, la puissance d’évocation du mythe historique est si efficace qu’elle ne permet pas d’apercevoir l’impropriété historique (voire l’anachronisme) opérée dans le fait d’apposer le terme sport aux jeux antiques [40].

Dès lors, comme le souligne Georges Vigarello, sur la base du mythe des origines, on assiste de manière progressive, à l’émergence d’une “contre-société” idéale. Ce qui donne au sport un visage paradoxal, dans la mesure où il a échappé à ses pères fondateurs, tout en étant régulièrement et solennellement relié à eux.

Par conséquent, à partir de cette analyse, on voit déjà se mettre en place un rapport passé/futur concomitant de l’apparition du sport moderne de compétition. Cette représentation du temps structure le récit sportif. Ce qui nous conduit à formuler l’idée que le recours constant de la rhétorique sportive à la dimension mythique du sport – et donc aux valeurs positives de l’amateurisme des origines – est lié à ce que nous pouvons appeler le syndrome de « la menace des origines » : celui des risques d’un processus de professionnalisation du sport sur ses principes constitutifs. La meilleure protection étant tout naturellement de ne pas se couper de ces mêmes valeurs fondateurs. Autrement dit, de l’éthique sportive. Ce qui se passe donc aujourd’hui, en particulier lorsqu’il s’agit de faire face à des dérives, peut être interprété, à nos yeux, comme un écran symbolique protecteur, profondément enracinée dans l’histoire du sport moderne.

Cette approche permet, d’une part d’éclairer le sens de la mythologie des valeurs positives du sport, et, d’autre part, de relativiser le rôle des médias dans la mythification du phénomène sportif. Autrement dit, les médias modernes, comme la télévision, n’ont pas eu un rôle particulier dans l’invention du mythe sportif. Pour autant, il ne faut pas négliger, aujourd’hui, la capacité de ces médias à réactiver le mythe, à le rendre omniprésent.

 Inventer “l’événement” futur

L’omniprésence du mythe passe nécessairement par sa réinvention au quotidien. C’est alors que surgit l’« événement » sportif tourné vers le futur et axé sur le progrès du sport. Dans ce domaine également la coupure entre le passé et le présent, instauratrice de l’histoire occidentale moderne [41], n’a pas cours dans le sport.

Georges Duby insiste sur le lien entre les notions d’événement et de mémoire de l’événement. Dans son ouvrage Le Dimanche de Bouvines, l’historien considère que l’événement lui-même « n’est rien  » en dehors des traces qu’il a laissées [42]. Cette définition se recoupe avec celle contenue dans certains travaux de l’anthropologie historique [43]. Ces derniers mettent l’accent sur la relation entre l’événement et le mythe chez certaines communautés. Pour celles-ci, le passé est perçu comme une « vaste réserve de schèmes d’actions possibles, où l’on va des mythes d’origine aux souvenirs récents (…) Entre ces ‘stades’ ou ces ‘époques’, tous affectés du même degré d’existence (il s’agit de vie réelle), n’existent pas de rupture (…) Ce sont, en somme, autant d’épisodes qui, à chaque fois et à leur façon, racontent la même histoire et où, si celle-ci vient à varier, se retrouve la même armature. Si bien que, pour finir, le mythe cosmique se retrouve dans ‘l’événement de tous les jours’. En ce sens, l’événement est mythe  » [44].

Cette conception de l’histoire semble prévaloir en matière de la représentation du temps sportif. En fait, « l’événement » sportif est inscrit invariablement dans une même trame temporelle : entre une mémoire mythique et un avenir axé sur le progrès.

Les sports médiatiques : fabriquer l’événement sur fond d’un passé mythique

Dans le cyclisme, comme dans les autres sports médiatiques, l’incantation mystique n’est pas l’exclusivité du discours sur le passé. Elle s’applique aussi aux événements du lendemain, Célébrer le futur est donc aussi une manière de dépasser « le pire ». Ainsi, l’élément statistique fait partie intégrante de la mise en scène sportive, donnant vie à des formules comme « c’est du jamais vu  », « c’est la première fois…  ». La nouveauté et l’effet de surprise font partie du miracle qui peut toujours intervenir. Inauguré par la télévision [45] avant la Coupe du monde 1998, le compte à rebours avec la formule « Jour J » est aussi un moyen de projeter la population dans le futur et de célébrer déjà l’événement à venir. Les commentateurs sportifs trouvent toujours « le truc » qui ne s’est jamais produit pour nourrir la légende future du sport. Avec l’introduction des éléments dramatiques et extraordinaires dans l’art du récit, l’événement sportif conserve sa magie. Ceci passe évidemment par une mise en tension du lectorat [46] mais aussi des téléspectateurs. Celle-ci se manifeste sous forme de suggestions passionnelles et de dramatisations qui précèdent le « grand événement » (fleurissement des métaphores belliqueuses, « surfer » sur l’actualité politique, appel à l’histoire, etc.) [47]. En fait, “l’événement” sportif –inventé et célébré au quotidien – œuvre dans le sens d’un renforcement de la mythologie du sport en tant qu’un « monde à part ».

L’invention de l’événement sportif est visible dans le cyclisme. Invité à la télévision avant le départ du Tour de France 2002, le coureur cycliste Richard Virenque répond par l’affirmative à une question/réponse du présentateur Henri Sannier : « A la veille du Tour on se sent transcendé (…) Vous étiez suspendu mais on ne va pas revenir sur le passé » [48]. À aucun moment le mot dopage n’est prononcé, et la discussion se termine avec la présentation du livre intitulé Plus fort qu’avant que le coureur vient de publier. Ici, il est tout simplement question de faire table rase du passé. « L’événement » n’est donc pas une quelconque révélation ou un témoignage de la part d’un acteur clé dans les dérives de l’histoire récente du Tour, comme nous l’avons évoqué, mais la promotion d’un ouvrage du coureur. Implicitement, le journaliste et le sportif se livrent à la promotion du futur sur la base de l’amnésie du passé. Et lorsque, quelques jours plus tard, le même Richard Virenque gagne l’étape du « mythique Mont Ventoux », il devient le héros du jour. La réaction de la presse est unanime pour réaffirmer sa popularité : sa photo fait la une des journaux avec des commentaires élogieux : « Virenque renaît au Ventoux  » titre en une l’Equipe [49], « Richard Virenque mate le Ventoux » dira le Monde [50] ou encore « Richard cœur de Provence  » peut-on lire dans le Dauphiné libéré [51]. Ainsi, en mettant l’accent sur la renaissance du coureur, les médias feignent d’oublier les déboires antérieurs du coureur.

Quelques heures avant l’arrivée du Tour de France 2002 sur les Champs Elysées, et malgré la nouvelle de dopage du coureur lituanien Rumsas [52] classé troisième, dès le 30 juillet 2002, l’Equipe titre à sa une : « Pour l’avenir  » avec le commentaire suivant : « Au lendemain de l’arrivée du Tour, ‘l’affaire Rumsas’ a agité hier les esprits. Pourtant, Jean-Marie Leblanc, le patron de l’épreuve, voit de vraies raisons d’être optimiste à l’approche du centenaire en 2003  ». Ainsi, l’« événement » est moins le problème du dopage que la promotion du futur Tour de France 2003, qualifié d’« exceptionnel ». Il s’agit en effet de célébrer le centenaire de la compétition.

Dès le 25 octobre 2002, L’Equipe annonce à sa une : « En route pour la légende  ». Sur quatre pages le quotidien évoque le passé haut en couleurs de la légende du Tour. En fait, le journal relate et commente l’intention des organisateurs du Tour, celle de reproduire le parcours originel de 1903 pour l’année 2003. Il s’opère ainsi un retour aux origines [53], sur le modèle d’un pèlerinage, pour des fins de « purification » de la compétition, auprès des héros légendaires et des lieux de mémoire qu’incarne le Tour. En mettant à contribution de nouveaux lieux symboliques comme la Tour Eiffel, grand monument national ou le stade Vélodrome à Marseille, haut lieu de « passion sportive » [54], on cherche, à l’évidence, à inventer l’avenir du Tour.

Il est bien évident que la mobilisation de la mémoire collective et sa célébration au quotidien font l’impasse sur les déviances passées. L’histoire, ainsi sélectionnée, contribue à renforcer la mythologie du Tour de France. Le futur, quant à lui, est la promesse d’un sport meilleur. Le continuum établi entre les deux durées rend peu visible les difficultés du présent. Dans ce cadre, le cyclisme montre que l’usage de la mémoire, sur un mode sélectif, occupe une position centrale dans la dialectique passé/ futur. De ce mode de rapport au temps, il est attendu un effet de masque aux « crises » de l’actualité.

Au-delà du processus de recomposition des espaces du pouvoir (entre médias, pouvoir sportif, pouvoir judiciaire) auquel peuvent conduire les dérives dans le sport, ce qui est en jeu, au fond, c’est l’autocélébration de la légende du sport à travers l’assurance du retour imminent à un futur parfait. Autrement dit, il s’agit d’une production/reproduction permanente de la légende qui permet au système de se perpétuer et de se reproduire [55].

Le handball : inventer l’événement médiatique

En ce qui concerne les sports médiatiques, comme nous venons de le voir, les médias participent de la fabrication de l’événement « à chaud ». Qu’en est-il dans une discipline plus confidentielle comme le handball ? Ce sport n’étant pas a priori soumis à la logique du travail journalistique auquel l’on reproche, comme le souligne Cyril Lemieux, de donner du retentissement à des phénomènes qui ne le méritent qu’en vertu de leur seule conformation aux exigences médiatiques [56].

L’un des effets de la montée progressive du handball et de sa médiatisation, est perceptible dans les modifications importantes des règles sportives. Il s’agit de définir des règles nouvelles dans la perspective d’une meilleure attractivité de ce sport en terme de retransmission d’images [57]. A ce titre, les médias, et en particulier la télévision, sont associés à la réflexion sur l’avenir du handball, aux côtés des responsables, des entraîneurs et des arbitres. La télévision suggère, par exemple, d’entrecouper le jeu par des espaces publicitaires.

Ce qui importe de souligner, c’est que l’objectif institutionnel assigné à la discipline, et l’intérêt médiatique pour ce sport, semblent se croiser lors de l’organisation en France du Mondial de handball du 23 janvier au 4 février 2001. Le président de la Fédération française de handball réaffirme, à cette occasion, l’objectif poursuivi, à savoir un meilleur affichage télévisuel [58]. Le tournoi 2001 remporté, il est bien « naturel » que l’équipe de France bénéficie de l’admiration unanime. Sa victoire prend les contours d’« une épopée folle  » [59]. Le journal Le Monde, par exemple, a manifesté son intérêt pour l’équipe nationale masculine en lui consacrant à intervalle régulier des pages entières [60].

Plus significatif encore en 2002, l’Equipe [61] en rétrospective, commémore, image à l’appui, le dixième anniversaire de la troisième place de l’équipe de France (médaille de bronze aux Jeux olympiques de Barcelone de 1992). En déjouant le temps, le journal titre : « En enlevant le bronze olympique, les handballeurs français annoncent les futurs ‘barjots’ [62] pour l’éternité [63]. » .

En 2003, la qualification de l’équipe masculine pour les demi-finales du Mondial aux dépends de la Suède, considérée comme grande nation de handball, donne lieu à des titres suggestifs comme « La France s’offre un mythe  » [64]. Ensuite, l’annonce de la retransmission de la demi-finale entre la France et l’Allemagne sur TF1 (chaîne qui diffuse habituellement du football) constitue un événement en soi et confirme la percée médiatique du handball français. Certes, avec un impact moindre que celui du football, l’événement signe, tout de même, l’entrée du handball dans le système médiatique.

En fin de compte, la trajectoire du handball reproduit le même processus observé dans les disciplines médiatiques. Il est vrai, comme le montre Fabien Ohl, que « les médias ont accentué leur influence sur de nombreux champs sociaux en diminuant leur autonomie spécifique. L’occupation de positions dominantes dans les champs politique, sportif, culturel ou même économique dépend de façon plus significative des médias.  » [65]. De ce fait, « l’événement » médiatique devient une composante de progrès pour le handball dans la mesure où il rend visible non seulement son avenir, mais aussi son passé.

Au total, même si chaque discipline sportive mobilise ses propres mythologies, il apparaît que toutes ces pratiques sont mues par le même rapport au temps. À cet égard, les relations médias/sport – via « l’événement » omniprésent – sont au cœur du processus d’élaboration d’un tri sélectif, à la fois au service du « progrès » futur du sport, mais aussi de sa mémoire « historique ». C’est vrai lorsque les médias mettent en scène l’événement « à chaud ». C’est vrai aussi quand le journalisme évoque le souvenir des épisodes glorieux « refroidies ». Dans un cas comme dans l’autre, s’affirme le lien entre le passé et le futur.

 Conclusion

Au fond, de la mémoire à l’événement inventé, la rhétorique sportive entretient et renforce l’idée du sport pur : la sélection de l’image et le choix du texte participent de la fabrication du mythe d’une « contre-société » sportive. Gommer la division des temps et faire coïncider des durées opposables, sans prise en compte du contexte, est caractéristique d’une certaine idéologie sportive. Celle-ci est envisageable dans la mesure où le discours dominant sur le sport se fonde sur la permanence historique de ses valeurs. Et c’est précisément en entretenant l’idée que le sport est un fait social décontextualisé, qu’il échappe, de notre point de vue, à la « crise d’avenir  » dans laquelle est supposée se trouver la société globale. En fait, tout en répudiant les discontinuités et les ruptures, la mythologie du progrès dans le sport semble se forger dans l’addition choisie des faits éphémères.

L’idéal sportif est continûment réaffirmé par les récits officiels, la presse écrite et la télévision. Il s’accélère aujourd’hui. Il devient omniprésent. A cet égard, il est probable, que la logique médiatique – inséparable dans le contexte de la société d’aujourd’hui de la logique « marchande » – pourrait être appréhendée, non pas uniquement comme « une menace » pour le sport, mais aussi comme une réinvention du mythe sportif. C’est précisément cette fabrication du mythe qui nous semble se situer au cœur de ce rapport passé/futur et conforte l’idée du sport pur.

Finalement, la réflexion sur le paradigme temps peut se révéler une clef de compréhension de l’actualité. Il permet de l’éclairer et de lui donner sens. Ainsi, le rapport singulier à la division universelle du temps (passé, présent et futur), observé dans le domaine sportif, invite à s’interroger sur les sens et les formes plurielles de l’actualité. Autrement dit, le temps du sport n’est sans doute pas le temps politique ou économique ou encore celui des mentalités. On peut supposer, qu’à travers l’actualité, et selon des rythmes qui ne sont pas toujours les mêmes, se réalisent des représentations multiples du réel, et se joue, d’une certaine manière, le façonnement des représentations individuelles et collectives.

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Notes

[1] Jean-Pierre Lacoux, Histoire et histoires du handball français (1932-1996), Paris, Fédération Française de Handball, 1998.

[2] Paul Ricœur, Temps et récit, Paris, Seuil, 1983.

[3] Sur la projection des acteurs du champ sportif dans le futur comme prospective de planification de type économique, voir Jean-Paul Clément, Jacques Defrance & Christian Pociello, Sport et pouvoirs au XXème siècle, Grenoble, Presse universitaire de Grenoble, 1994, p.140-174.

[4] Carol Gluck, « Guerre et télévision au XXIème siècle », Annales HSS, janvier-février, 2003, p.135-162.

[5] Marcel Gauchet, Le désenchantement du monde, une histoire politique de la religion, Paris, Gallimard, 1985.

[6] François Furet, Le passé d’une illusion. Essai sur l’idée communiste au XXème siècle, Paris, Robert Laffont, Calmann-Levy, 1995, p.808.

[7] Nous avons choisi de délimiter l’étude entre 1998 et 2003. Le choix de ces deux dates est essentiellement lié à des « événements » importants pour les disciplines retenues (affaires de dopage dans le cyclisme, retransmissions télévisuelles du handball, etc.).

[8] Ce sont les deux pôles extrêmes de l’interprétation du sport, comme le souligne Pierre Arnaud. Le premier pôle renvoie au courant radical de la sociologie politique du sport, porté par Jean-Marie Brohm. L’autre pôle est celui du discours officiel, dominant, sur les valeurs positives du sport (humanisme, égalité, fair-play, etc.) ; cf. Pierre Arnaud (dir.), Les Athlètes de la République. Gymnastique, sport et idéologie républicaine (1870-1914), Toulouse, Éditions Privat, 1987.

[9] Raymond Thomas, Le sport et les médias, Paris, Éditions Vigot, 1993, p. 87.

[10] Jean Mouchon, La politique sous l’influence des médias, Paris, L’Harmattan, 1998, p. 43.

[11] François Hartog, Régimes d’historicité. Présentisme et expériences du temps, Paris, Seuil, 2003.

[12] Henry Rousso, Vichy, l’événement, la mémoire, l’histoire, Paris, Gallimard/Folio-histoire, 2001, p. 350.

[13] Roger Caillois, Le mythe et l’homme, Paris, collection Folio essais, 1998 [Gallimard 1938], p. 154.

[14] Roland Barthes, Mythologies, Points histoire, 2003 [Seuil 1957], p. 202.

[15] Georges Vigarello, Du jeu ancien au show sportif. La naissance d’un mythe, Paris, Seuil, p.189.

[16] Equipe belge de cyclistes professionnels au sein de laquelle une pratique organisée de dopage a été révélée par les douaniers français lors du Tour de France 1998, et qui a donné lieu, par la suite, à des poursuites judiciaires, aboutissant au procès dit de Lille en 2000. Sur cette affaire, cf. en particulier, Pascal Duret & Patrick Trabal, Le sport et ses affaires, Paris, Métailié, 2001.

[17] À l’issue d’un long procès, le 24 octobre 2000, Richard Virenque avoue avoir pris des produits dopants. Relaxé, il a écopé d’une suspension de neuf mois et de 4 000 francs suisses d’amende, prononcées par une commission indépendante désignée par la Fédération Suisse du Cyclisme. Ses équipiers eux, passés à l’aveu en 1998, ont encouru sept mois de suspension.

[18] Le thème de la santé préside à « la loi du 23 mars 1999 relative à la protection de la santé des sportifs et à la lutte contre le dopage », suivie du décret du 11 janvier 2001 relatif aux dispositions que les Fédérations sportives agréées doivent adopter dans leur règlement en matière de contrôles et de sanctions contre le dopage en application de l’article L. 3634-1 du code de la santé publique.

[19] Sur ce thème, on peut consulter par exemple les ouvrages de Serge Fauché, Jean-Pierre Callède, Jean-Louis Gay-Lescot & Jean-Paul Laplagne (textes réunis par), Sport et identités, Paris, L’Harmattan ; 2000 ; de Christian Bromberger, Le match de football : ethnologie d’une passion partisane à Marseille, Naples et Turin, Paris, éd. Maison des sciences de l’homme, 1995.

[20] Le Tour de France 2001, avec une moyenne de 3 millions de téléspectateurs, est resté stable par rapport à l’année 2000 (le Monde du 21 juillet 2001). L’édition 2002 a enregistré, quant à elle, une hausse de l’audimat avec un suivi en moyenne de 3,7 millions de téléspectateurs (Nice Matin, 30 juillet 2002). Enfin, dans un article récent, le Monde confirme cette tendance pour le Tour de France 2005 et rappelle : « objet d’affection, le Tour jouit d’un engouement jamais remis en cause », le Monde du 13 juillet 2005.

[21] D’après le quotidien Libération du 18 mai 2003, citant une étude d’Eurodata TV Worldwide (banque de données internationales de programmes télévisuels).

[22] En France, en comparant les deux Coupes du monde de football 1998 et 2002, et malgré l’élimination rapide de l’équipe nationale durant ce dernier tournoi, on note une augmentation du nombre de Français qui ont suivi les matchs : audience cumulée en pourcentage de Français âgés de 4 ans et + ayant regardé au moins 15 minutes consécutives d’un match (du match d’ouverture aux demi-finales) : 1998 = 74,5% ; 2002 = 85,6%. (le Monde du 30 juin et 1er juillet 2002, d’après Médiamétrie/traitement Carat World Cup Monitor).

[23] L’Equipe du 6 avril 2001.

[24] Ceci renvoie à la métaphore religieuse des dix commandements.

[25] Ibid.

[26] Président d’Amaury Sport Organisation, successeur de Jean Claude Killy et ancien directeur de Roland Garros. Le groupe Amaury est propriétaire notamment des journaux l’Equipe et le Parisien ainsi que du Tour de France.

[27] L’Equipe du 6 avril 2001.

[28] Pascal Duret, L’héroïsme sportif, Paris, Presses universitaires de France, 1993, p.27. L’auteur considère que face au dopage, la victime poursuit une stratégie en trois temps : le détournement, la banalisation et le retournement.

[29] Formule de Vilfreido Pareto, citée par Lefevre Betty, « La morale du sport ou le nouveau Tartuffe », in Sociétés, n° 55, 1997, p. 79.

[30] Sylvain Robert, « Amateurs et professionnels dans le basket français (1944-1975) : querelles de définition », Genèses : amateurs et professionnels, 36, 1999, pp.69-91.

[31] Citons en particulier : Jean-Pierre Lacoux, Histoire et histoires du handball français 1932-1996, Fédération française de handball, 1998 (l’auteur de cet ouvrage était le président de la Fédération française de handball de 1982 à 1996) ; Claude Perruchet, Handball, 1991 ; Adde et al., Handball : un rebond vers l’avenir, 2001 (ce livre est réalisé par le Groupement des Cadres d’Etat de la Fédération française de handball, auquel ont collaboré cinquante-quatre techniciens : hommes de terrain, entraîneurs, conseillers techniques…).

[32] Expression utilisée en 1991 par Claude Perruchet alors Secrétaire général de la Fédération Française de Handball.

[33] Claude Perruchet, Revue de la Fédération française de handball, 1991, p.271.

[34] Jean-Pierre Lacoux, Histoire et histoires du handball français 1932-1996, Fédération française de handball, 1998.

[35] Norbert Elias & Eric Dunning, Sport et civilisation. La violence maîtrisée, Paris, Fayard, 1994.

[36] Jean-Louis Adde & al., op. cit.

[i] Cf. Norbert Elias & Eric Dunning, op. cit.

[37] La création du Comité International Olympique (et de la charte olympique dont une première version est livrée en 1914). Celui-ci est en outre le propriétaire exclusif des Jeux, du drapeau et du symbole olympiques, ainsi que de la devise et de la flamme.

[38] Sébastien Fleuriel, Le sport de haut niveau en France. Sociologie d’une catégorie de pensée, Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble, 2004, p.12.

[39] Citons les travaux de Paul Veyne, Le pain et le cirque, Paris, Le Seuil, 1976 ; Roger Chartier et Georges Vigarello, « Les trajectoires du sport. Pratiques et spectacles » in Le Débat, 19 février 1982, pp. 35-58.

[40] Sébastien Fleuriel, Le sport de haut niveau en France…, op. cit. , p.13.

[41] Michel de Certeau, L’écriture de l’histoire, Paris, Gallimard, 1975, p.11.

[42] Georges Duby, Le Dimanche de Bouvines, Paris, Collection Folio/Histoire, 2005, [Gallimard, 1973], p. 13.

[43] Marshall Sahlins, Des îles dans l’histoire, traduit sous la direction de Jacques Revel, Paris, Gallimard/Le Seuil, Coll. “Hautes Etudes”, 1989, cité par François Hartog, Régimes d’historicité…op. cit., p. 43.

[44] François Hartog, Régimes d’historicité…op. cit., p. 43.

[45] Notamment dans l’émission « Téléfoot » sur TF1.

[46] Selon l’expression de Christian Pociello, Les cultures sportives. Pratiques, représentations et mythes sportifs, Coll. Pratiques corporelles, Paris, Presses Universitaires de France, 1999, (1ère édition 1995), p. 143.

[47] Christian Pociello, Les cultures sportives…, op. cit., p. 144.

[48] Émission télévisée « Tout le Sport » diffusée sur France 3, le 5 juillet 2002.

[49] L’Equipe du 22 juillet 2002.

[50] Le Monde du 23 juillet 2002.

[51] Le Dauphiné libéré du 22 juillet 2002.

[52] L’épouse de ce coureur est interpellée par les douaniers le 28 juillet parce qu’elle convoyait des produits interdits (le Monde du 31 juillet 2002).

[53] Concomitamment, le quotidien sportif édite un livre en trois tomes « Tour de France : 100 ans » qui retrace par l’image et le texte l’histoire épique du Tour. A signaler que ce quotidien est à l’origine de l’épreuve. Il s’appelait alors l’Auto. Un des journalistes, auteur de cet ouvrage, déclare le 5 novembre 2002 sur les ondes de la radio France Info : « Il s’agit de l’histoire écrite du Tour de France ».

[54] C’est ainsi que le quotidien régional, la Provence du 25 octobre 2002, se réjouit de la nouvelle, en annonçant à sa une : « Le Tour 2003 passera par le stade Vélodrome : pour ses cent ans, le Tour de France a décidé d’honorer notre région. »

[55] Edgar Morin, Pour sortir du XXème siècle, Paris, Fernand Nathan, 1983.

[56] Cyril Lemieux, Mauvaise presse. Une sociologie compréhensive du travail journalistique et de ses critiques, Paris, Éditions Métailié, 2000, p. 406.

[57] Adde et al., Handball… op. cit., p.188.

[58] Entretien dans Le Monde du 23 janvier 2001.

[59] L’Equipe du 26 décembre 2001.

[60] Le Monde des 23, 25 et 30 janvier 2001.

[61] L’Equipe du 1er août 2002.

[62] Le qualificatif de « barjot » a été utilisé pour la première fois en 1993 par un joueur de l’équipe nationale de handball, Philippe Gardent, lors d’une interview par le journal L’Equipe. Il s’impose progressivement dans le langage sportif pour désigner l’équipe nationale masculine de handball.

[63] L’Equipe du 1er août 2002.

[64] Nice Matin du 31 janvier 2003.

[65] Fabien Ohl & Gary Tribou, Les marchés du sport. Consommateurs et distributeurs, Paris, Armand Colin, 2004, p. 87.

Pour citer l'article


Abbassi Driss, « Sports et Médias : Le mythe des temps passé et futur », dans revue ¿ Interrogations ?, N°1 - « L’actualité » : une problématique pour les sciences humaines et sociales ?, décembre 2005 [en ligne], http://www.revue-interrogations.org/Sports-et-Medias-Le-mythe-des (Consulté le 19 mars 2024).



ISSN électronique : 1778-3747

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